À propos ...de filets anti-insectes

En agriculture et en jardinage biologiques, à cause d’un nombre accru de ravageurs qui viennent interférer avec les cultures, l’utilisation de filets anti-insectes est devenue incontournable. Ils font figure de barrières physiques et protègent les légumes, lorsque bien installés, avec une efficacité de 100 %. Je les préfère aux insecticides biologiques qui, dans bien des cas, ne donnent pas les résultats escomptés et constituent une nuisance pour les espèces prédatrices et les pollinisateurs.

Tôt au printemps, j’emploie des filets pour protéger mes radis et mes navets des larves de la mouche du chou, un diptère qui pond ses œufs en mai. Ses larves pénètrent les racines de ces deux légumes qui n’en succombent pas, mais donnent des légumes véreux, ce que personne ne souhaite. Donc, dès la levée des radis et des rabioles, je couvre la ou les planches où j’ai installé ces cultures afin de les protéger de la ponte de la mouche. Il n’est pas nécessaire d’employer d’arceaux pour ces deux légumes. Le filet peut être posé directement sur les légumes, sans cependant trop tendre le tissu de façon à permettre le déploiement du feuillage. Je fixe le filet à l’aide de pierres rondes posées sur le bord du tissu à tous les mètres.

En juin, il faudra, dès la levée ou la transplantation des cucurbitacées, poser des filets selon le même principe, c’est-à-dire sans arceaux, et les maintenir en place jusqu’en juillet de façon à prévenir les ravages causés par la chrysomèle rayée du concombre, qui en plus de se nourrir du feuillage, transmet deux maladies graves soit le flétrissement bactérien et la mosaïque du concombre, une maladie virale. Lorsqu’on retire le filet en juillet, s’il reste des chrysomèles dans le jardin, on pourra les contrôler manuellement dans les fleurs tôt le matin en les écrasant. Je retire d'abord les filets des zucchinis et des citrouilles, moins sensibles aux maladies évoquées que le concombre. Le contrôle manuel se fait bien sur leurs fleurs. Une fois les chrysomèles contrôlées, je retire les filets protecteurs sur les concombres de sorte que la pollinisation puisse se faire.

Je n’utilise pas de filet pour l'ail, car j’arrive très bien à contrôler les larves de la teigne du poireau en les écrasant au mois de juin avant qu’elles ne pénètrent le cœur des tiges. Pour le poireau par contre, l’emploi d’un filet soutenu par des arceaux est nécessaire, car les larves trouvent rapidement refuge dans les feuilles superposées qui structurent cette liliacée.

La famille des brassicacées est victime de prédation par de nombreux ravageurs. Le BTK est efficace contre la piéride du chou, mais pas contre la cécidomyie du chou-fleur, un autre diptère, présent celui-ci durant toute la saison. Là où ce ravageur est présent, un filet avec arceaux est nécessaire durant toute la saison pour protéger les rutabagas, les choux-raves, les brocolis et les choux-fleurs. Par contre, avec les choux pommés, on peut retirer le filet une fois la pomme formée, car à partir de cette étape, ils ne sont plus vulnérables. Le kale s’en tire plutôt bien face à ce ravageur; il n’a donc pas besoin d’un filet.

Enfin, la carotte peut être parasitée par les larves de la mouche de la carotte, ce qui nuit à sa conservation. Un filet installé en août prévient la ponte de cet autre diptère. Des arceaux sont cependant nécessaires. On peut aussi tenter un traitement avec une décoction de feuilles de tanaisie ou du lessis, une macération de 24 heures de cendres de bois à raison de 1 kg pour 15 litres d’eau. Des répulsifs tels du marc de café, des feuilles d’absinthe, d’armoise, de tanaisie ou de thuya peuvent être employés, mais les résultats ne sont pas garantis.

Malgré le coût élevé de ces tissus protecteurs, lorsqu’on leur fait attention et qu’on les range dans un endroit approprié, on peut les conserver durant plusieurs années. Les filets anti-insectes se vendent en différentes largeurs et longueurs. Lorsqu’on les emploie avec des arceaux ou encore pour des cucurbitacées, ils doivent mesurer au moins deux mètres de largeur.

Pour en connaître davantage sur la culture des légumes, je vous recommande La culture écologique des plantes légumières.

Yves Gagnon, auteur et semencier.